Marc Legris

en 1957, le dessin et la peinture sont des amis d’enfance. A 10 ans, premier choc: la visite en solitaire du musée de l’Orangerie à Paris. Vertige et stupéfaction dans la salle des Nympheas, bouche bée devant Cézanne, Renoir et Degas…, l’impressionnisme, tourbillons de couleurs et de lumière qui rentrent dans la tête.

Vite! On m’abonne à une revue pédagogique mensuelle, "Les grands maîtres de la peinture". Avec mes étrennes j’achète chez le droguiste quelques tubes de peinture à l’huile, brosses et la première toile sur châssis, découverte du plaisir à copier malhabilement Vlaminck.

Premier chevalet à 12 ans et première séance nature dans la forêt de Saint Cucufat, la brosse en mire, un œil clos, l’image de VanGogh fendant la les champs de blés. résultats: vert, très vert…

Dévotion totale au professeur de dessin du collège (je ne me souviens malheureusement pas de son nom) qui apprend le jeu de la perspective par Brunelleschi et Alberti. Les affres de l’adolescence me font décliner maladroitement (après tout je suis gaucher) les plages désertes de Bonington, balbutier devant les tempêtes de Turner. Plus rien pendant dix ans. Les études de médecine sont tentaculaires …

Puis la gouache et un besoin de peinture naïve, souvent sur bois, pâles jeunes filles sages et fiers saint-cyriens de la fin du 19 ème siècle. Paysages très colorés, bien plats et bien rangés.

Sophie, Chloé, Valentine et Antoine (les seuls chefs d’œuvre).

Nouvel appel de "l’huile", admiration pour l’hyper–réalisme, vive les natures mortes! Je peins des œufs, des œufs et encore des œufs (c’est reposant, on prend son temps, ça ne pourrit pas… déformation professionnelle pour certains …)

L’effet de la lumière sur les objets, les personnages, les animaux ou les paysages, m’attire avant tout. Suggérer le volume ou la matière par l’utilisation de la couleur, de la perspective et des ombres me passionne. Les scènes avec un éclairage très latéral et de grandes ombres portées me bouleversent (Il m’en faut peu!) Les drapés, les plissés quelles gageures!

Les grandes, grandes, plus grandes émotions: Fra Angelico, Piero de la Francesca, Johannes Vermeer, Thomas Eakins, Vilhelm Hammershoi, John Singer Sargent, Edward Hopper …..oh là là! c’est trop difficile d’établir une liste …

Les sources: Les catalogues publicitaires, les revues, les journaux, les photos de vacances, les ouvrages animaliers (certains photographes doivent être peintres!!)

Certes ça manque de grandeur et d’évasion, quoique … et puis le Douanier Rousseau ne prenait-il pas une part de son inspiration dans le catalogue de la Samaritaine?